Some things never changes

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

Je sortais de chez un client chez qui j'avais dû préparer un repas pour 8 personnes. Et tout c'était bien passé. Maintenant j'allais pouvoir souffler un peu avant de retourner à la boutique de magie, mais avant je devais récupérer un papier au poste de police. Un renouvellement d'accord pour avoir le droit de livrer. Alors que je venais de me prendre un thé à emporter, je fus témoin d'une scène qui attisa ma curiosité. Ce qui n'était pas difficile, vu que chez moi, la curiosité, c'était presque une deuxième nature. Un homme s'approchait d'une silhouette familière en hurlant un prénom, tandis que l'autre utilisait la technique du "je n'entends rien". Technique en général quitte ou double. Si je n'avais aucune idée de qui était celui qui avançait, l'autre qui semblait dépité d'avance, c'était une tête que je reconnaissais. L'agent Stefan Cadalso. Je le connaissais depuis l'enfance, même si depuis nos routes se croisaient par intermittence. Et là, je n'avais clairement pas besoin d'utiliser mon don d'empathie pour comprendre que celui qui arrivait, il n'était pas ravi de le voir. Son visage hurlait presque "au secours" à lui tout seul. Si l'autre ne s'en rendait pas compte, c'était soit qu'il s'en foutait, soit qu'il était aveugle. Alors dans un élan de compassion, je me décidais à aller aider le policier. Je lui devais ça, il veillait sur moi -que je le veuille ou non- depuis longtemps. Et chez moi, aller aider, ça passait par agir à l'instinct et -disons le carrément- au culot. Je jetais un coup d'œil à mon reflet dans la vitrine, pour m'assurer que j'étais crédible pour le numéro de charme que je prévoyais de faire. Puis d'un pas décidé, je me dirigeais vers le binôme.

- Oh chéri, je suis désolée, je suis encore en retard !

Je glissais mon bras sous le sien, l'embrassait sur la joue avant de lui offrir un sourire charmeur, mon regard indiquant discrètement la présence de l'homme à qui je tournais le dos. Je voulais qu'il comprenne que cette petite comédie était là pour lui offrir une issue de secours et faire fuir rapidement l'indésirable. Puis pour lui laisser le temps de digérer l'information silencieuse que j'étais en train de lui fournir, je me tournais vers l'indésirable.

- Tu ne me présentes pas ?

À voir la tête de l'homme qui semblait choqué, perturbé quelques mots d'excuses avant de partir rapidement, ma technique avait fonctionné. Je n'avais même pas besoin de me présenter ou de poursuivre la comédie qu'il avait quasi-fuir après avoir bégayé. S'il avait pu fuir en courant, il l'aurait fait. À le voir s'éloigner tout gêné, je me mordis la lèvre pour retenir le rire qui montait dans ma gorge. Il en fallait vraiment peu pour en perturber certains... Je me tournais vers l'agent avec un sourire de vainqueur sur les lèvres.

- Bon, je crois qu'il ne va pas oser revenir avant un certain temps...

Ça avait été efficace. Bon il se pouvait que l'agent Cadalso se retrouve potentiellement avec une réputation de séducteur adepte des petites jeunes, mais était-ce vraiment si mal. Il pourrait avoir pire réputation. En fait, c'était même un compliment pour lui. En tout cas, c'était un contexte légèrement surréaliste pour des retrouvailles. Mais finalement, je trouvais que c'était le meilleur moyen pour se revoir sans partir dans les premières banalités d'usage qu'on pouvait utiliser d'ordinaire du style "Oh vous avez changé depuis la dernière fois… " ou encore "Qu'est-ce que vous devenez ?". On les utilisait souvent, mais elles étaient d'un inutile... Évidemment qu'on avait changé, le temps faisait son œuvre pour tout le monde. Pas de la même manière selon les personnes, mais c'était d'un inévitable. Quant à ce qu'on pouvait devenir, lui était agent du FBI, ça je le savais déjà, et me concernant, vu qu'il gardait un œil sur moi depuis l'arrestation de mon père, il devait déjà être au courant. Alors on venait d'esquiver les politesses forcées et on allait pouvoir arriver directement au moment où on recommencerait à parler comme si on s'était croisé la veille.

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

L'agent Cadalso semblait avoir compris mon intention, car il m'avait suivie dans le petit jeu. En même temps, il était profiler, cela ne devait pas être compliqué pour lui de deviner les intentions -bonnes ou mauvaises- d'une personne. Bon ici, mes intentions étaient bonnes à son encontre. Peut-être moins à l'encontre de ce Marcus qui semblait des plus mal à l'aise, mais je n'avais aucune compassion pour qui pouvait se permettre de venir plomber le moment sacré du café en silence. À dire vrai, ce petit jeu pour aider le profiler était même distrayant pour moi. Ça, c'était ma moitié nymphe, il en fallait peu pour m'amuser. Mais la distraction prit fin à fuite du fameux Marcus. Car il n'y avait pas d'autre mot pour décrire son départ précipité et gêné. Je suivis donc l'agent dans son bureau. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Voulait-il me parler, me remercier, ou m'engueuler comme une gamine qui a merdé ? Si c'était le dernier point, je comptais bien me défendre. Mais il me connaissait un peu, en tout cas suffisamment pour s'en douter. Une fois entrée, je le vis se prendre une cigarette et regarder par la fenêtre. Sa question me surprit. Il semblait croire que j'étais venue pour lui.

- Ni l'un ni l'autre.

Je fis un sourire amusé. Ma réponse risquait de perturber son ego, mais il n'était pas l'objet de ma visite. À dire vrai, si je savais qu'il veillait sur moi à distance, je ne venais jamais demander de l'aide directement. Ni à lui, ni à personne d'autre. J'étais du genre indépendante et à me débrouiller par moi-même. Un truc que je devais tenir de mon paternel, vu que les nymphes avaient besoin d'un satyre, je pouvais être sûre que ça ne venait pas de ma mère. Quant à la visite de courtoisie, nous n'étions pas assez proches pour que je vienne prendre le café entre amis avec lui. Pas que je n'appréciais pas sa compagnie, mais on n'avait pas atteint ce degré de proximité pour le moment.

- J'étais chez un client et au retour, je devais venir au poste chercher un papier administratif pour ma boutique. Mais je t'ai reconnu au loin et comme tout ton visage hurlait "au secours" et bien j'ai décidé d'être ta wonderwoman du jour.

Et il ne pouvait pas nier que j'étais été efficace dans mon rôle. J'avais d'ailleurs sorti de mon sac le papier administratif et lui montrais, comme si c'était nécessaire de me justifier. En même temps, au vu de son métier, ça me semblait logique qu'il ait besoin de preuves pouvant étayer mes propos.

- Si ça avait été une visite de courtoisie, j'aurais mis ma plus jolie robe et j'aurais amené un panier de pâtisseries, voyons...

J'avais dit ça d'un air taquin, afin de détendre l'atmosphère.

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

Ah la question fatidique de comment j'allais...

- Moi ? Toujours.

Bon c'était un mensonge. Mais je lui avais dit ça avec un grand sourire qui se voulait convainquant. Ma vie était un chaos quotidien. Mais il l'était parce que j'appartenais au monde surnaturel et qu'on semblait vouloir que je participe à un combat que je voulais éviter. Celui entre le bien et le mal. Et pour moi qui aimais ma neutralité, c'était épuisant entre ceux qui voulaient que je rejoigne le camp du bien et ceux qui voulaient que je rejoigne l'autre camp. Oui j'étais une créature, oui je gravitais en plein cœur du monde magique, mais tenir une boutique de magie et être là pour aider mes proches, c'était la seule implication magique que j'aurais aimé avoir. Et tout autour de moi semblait se liguer pour que je sois obligée de devoir faire plus. Alors non, tout n'allait pas bien. Mais je ne pouvais pas expliquer ça à Stefan. Je le savais humain, j'avais lu son aura lorsque j'étais encore enfant, mais j'ignorais ce qu'il connaissait de ce qui pouvait l'entourer. Et je me voyais mal lui avouer que j'étais une demi nymphe ou devoir lui montrer mes pouvoirs. Pas parce que je n'avais pas confiance en lui, puisqu'il était l'un des rares en qui j'avais totalement confiance. Mais parce que je ne voulais pas lui imposer ce monde s'il l'ignorait. Lorsqu'il me déclara que c'était un plaisir de me voir, je fis un clin d'œil avant de lui répondre.

- Vil flatteur. Mais je prends le compliment. Et le plaisir est partagé. Tu seras toujours mon agent préféré.

Je savais que c'était plus par politesse qu'il me l'avait dit, mais j'étais femme à prendre tous les compliments, même les formules de politesse. Et j'étais sincère, c'était mon agent préféré. Bon pour l'instant, c'était un peu le seul que je connaissais, mais n'empêche... Je le laissais vérifier mon papier avant de le récupérer et de le ranger dans mon sac. Je me mis à rire avant de le taquiner.

- Je savais que ma plus belle robe te manquait... Non promis la prochaine fois, je te ramène les pâtisseries. Et puis les sentiments, c'est ma spécialité.

Dans le sens littéral du terme. Parce que si les sentiments étaient plus le domaine des cupidons, ça restait lié aux émotions. Et niveau émotions, sans dire que j'étais une experte, c'était définitivement ma spécialité.

- Ne me dis pas ça, je serais tentée de me mettre volontairement en danger, juste pour que tu viennes me sauver.

Là encore, je taquinais. Parce que j'avais déjà ma dose de danger au quotidien. Et qu'en plus, je n'avais pas l'âme d'une demoiselle en détresse. Sans être une guerrière, j'étais une combattante dans l'âme. Alors si je ne crachais jamais sur de l'aide ou ne refusais pas d'être protégée, je restais du genre indépendante et le trip de la princesse attendant son chevalier en armure pour la sauver, c'était clairement pas moi. Il ne fallait pas oublier que j'étais fille et nièce de flic. Enfin surtout nièce, car mon père n'avait jamais vraiment été un policier si on regardait bien.

- Et toi, tu as quelqu'un pour couvrir tes arrières ?

Question légitime. Il passait son temps à veiller sur les autres, mais il y avait quelqu'un pour s'assurer qu'il ne lui arrive rien ? Parce qu'il était humain et ce monde était sacrément riche en menaces de toutes sortes et je ne tenais pas à ce qu'il puisse lui arriver quoi que ce soit de mal.

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

J'aimais bien parler avec Stefan. Déjà, car il était l'un des rares que je connaissais depuis longtemps, mais aussi parce que même s'il ignorait des pans de ma vie, j'avais toute confiance en lui. Et puis il était l'un des rares qui s'accommodait facilement de mon caractère si particulier. Et alors que nous parlions, il réitéra ses propos sur le fait qu'il serait toujours là pour moi. Il faisait partie des rares que je croyais quand ils le disaient.

- Je le sais.

J'avais toute confiance en Stefan et je savais qu'il serait toujours là. Et pourtant même encore aujourd'hui, j'étais incapable de bien expliquer pourquoi il veillait autant sur moi. Oui, il avait participé à ce qui avait mené à ce que mon père se retrouve en prison. Mais toute la responsabilité imputait à mon père et aux crimes qu'il avait choisi de commettre. Ses choix de vie, sa responsabilité sur son sort. Stefan n'y avait jamais été pour rien. Et lui aussi avait eu sa dose de vie peu festive. D'ailleurs la mention de Coleen était là pour le rappeler. À la mention de sa défunte compagne qui veillait sur lui, je fis un petit sourire. Puis il répondit à ma question en mentionnant que oui quelqu'un de bien physique et vivant était là pour le couvrir quand c'était nécessaire.

- Les meilleurs arrières sont toujours ceux qui ne sont pas romantiques. Moins de complications annexes.

Ça sonnait sans doute cynique, mais c'était ainsi que je voyais les choses. J'étais bien placée pour savoir que dès qu'on touchait au domaine des émotions et encore plus des sentiments, ça pouvait devenir d'une complexité sans nom. Alors savoir qu'il y avait quelqu'un pour le couvrir, un binôme sans arrière-pensée, c'était légèrement rassurant. Légèrement, car dans mon monde, et aussi le sien, c'était toujours plus tordu que ça en avait l'air.

- C'est une bonne nouvelle, parce que malgré toute ma bonne volonté, je ne suis pas une grande combattante... ou tout du moins pas pour ce genre de combats.

Disons que niveau maniement des armes ou combat au corps à corps, je n'étais pas douée. Mon oncle m'avait appris comment fonctionnait une arme à feu et m'avait enseigné les bases d'autodéfense. Sans doute dans l'espoir secret que je sauvegarderais le plus longtemps possible ma virginité. Secret espoir de nombreux parents, surtout les pères d'ailleurs. Mais me concernant, ça s'arrêtait un peu là. Disons que je ne m'étais pas entraînée au combat depuis... un bail. Et ce n'était pas faute de bons combattants dans mon entourage. Quant au stand de tir, je n'y avais jamais foutu les pieds depuis mon arrivée à San Francisco. Là encore tonton serait déçu. Et je n'étais pas certaine que l'avouer à Stefan soit ma meilleure idée, il serait bien capable de m'y traîner par les pieds juste pour que je sois "capable de me défendre". Mais j'étais capable de me défendre. Juste que j'utilisais d'autres armes et surtout d'autres atouts.

- Après tout dépend de l'arène. Il y en a où je pourrais te couvrir des plus efficacement. Et où je suis peut-être même plus douée que toi. Disons que pour reprendre Olivia Pope... je suis plus du style gladiateur en costume. Alors si tu as besoin qu'on te couvre sur un plan plus... d'influence dirons-nous, sache que j'ai un réseau efficace.

Mais il valait mieux qu'il évite de poser trop de questions auquel il n'était pas prêt de supporter les réponses. Si tant est que je lui donne d'ailleurs. Parce que pour certaines, j'avais des secrets à sauvegarder. Et pas forcément les miens.

- Je ne suis plus une enfant Stefan. Peut-être qu'il est tant que tu arrêtes de me protéger. Peut-être qu'il est juste temps qu'on trouve comment juste s'entraider. Pas comme un agent et celle qu'il protège depuis des années, mais juste comme des amis et des alliés. Il faut que tu souffles un peu Stefan, sinon tu vas finir par t'épuiser.

Je pouvais ressentir qu'il semblait épuisé. Ou blasé. Parfois, c'était deux émotions qui se ressemblaient, comme la lassitude. Et un empathe pouvait reconnaître les émotions, mais je n'étais pas encore assez experte pour arriver à distinguer ce genre de subtilités émotionnelles. Mais une chose était certaine, Stefan méritait qu'on le décharge un peu de toute cette responsabilité qu'il faisait peser sur ses épaules. Et j'avais bien conscience que ma protection en faisait partie.

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

Visiblement Stefan avait trouvé quelqu'un pour le protéger. Parce que si lui me protégeait, il fallait bien quelqu'un pour faire pareil pour lui. Non seulement c'était une logique normale, mais en plus il me méritait. Et apparemment, il faisait équipe avec une fille qui semblait bien badass. Étrangement sa description mentionnant la maitrise de plusieurs armes à un jeune âge me faisait penser que cela pouvait même être une membre de la communauté magique du style sorcière, shadowhunter ou valkyrie. Ou alors une humaine qui visiblement avait eu une adolescence bien corsée pour en arriver là. Mais dans tous les cas, le plus important n'était pas ce qu'elle pouvait être ou non, mais le fait qu'elle s'assurait de la sécurité de Stefan.

- Tu me fileras son nom que je lui envoie des pâtisseries pour la remercier de te couvrir. Si tu es toujours là, c'est qu'elle est douée. Et ce tout ce dont j'ai besoin de savoir.

Et puis je n'avais pas vraiment besoin de l'interroger davantage sur elle. Si un jour je la rencontrais et que j'étais curieuse, je n'aurais qu'à lire son aura pour savoir ce qu'elle était. Mais au moins, j'étais désormais un peu plus rassurée. Juste un peu, car je connaissais l'agent et il était du genre à facilement trop en faire quitte à tirer sur la corde concernant sa sécurité et parfois sa santé. Sans compter qu'il continuerait à veiller sur moi. Ce qui était adorable, mais aussi effrayant dans le sens où mon monde était dangereux plus pour lui que pour moi. Il fallait que je tente de lui faire comprendre que si je ne risquais rien, j'en avais conscience et je savais me préserver et m'éviter le plus d'ennuis possibles.

- Des tas de choses arrivent à tout le monde Stefan. Et ce monde est compliqué et rempli de pleins de surprises et pas forcément dans le bon sens. Mais j'en ai conscience. Je suis née en plein dedans. Et je ne sais pas ce que tout ce que tu as pu voir, mais crois-moi, j'en ai vu tout autant. Peut-être même plus. Et je suis encore là.

C'était compliqué de lui dire à quel point j'étais capable de me protéger sans trop en dire. J'essayais de le traduire de façon à ce que s'il ignorait l'existence de la magie, il comprendrait ça de façon très rationnelle et penserait que j'étais rodée à cause de mon père. Et s'il en savait davantage, et bien peut être qu'il arriverait à comprendre entre les lignes... D'ailleurs parlant de mon père, il l'évoqua en me disant qu'il m'en avait privé. Je secouais négativement la tête de manière énergique.

- Et tu ne m'as pas privé de père, Stefan. Pour deux raisons bien simples. La première, c'est qu'il n'a jamais été mon père. Il est mon géniteur, mais il n'est pas mon père. Oncle Tommy a toujours été et est mon père. C'est lui qui m'a élevée. Mais celui que tu as arrêté, pour moi il était un peu l'oncle absent que je voyais de temps à autre.

Et je ne le disais pas pour le rassurer. Il était doué pour lire les gens, alors il n'avait qu'à regarder mon visage et lire mon regard pour savoir que je le pensais le plus sincèrement du monde. Oui l'homme qu'il avait arrêté était mon géniteur. Mais il n'avait jamais été un père. Mon oncle avait rempli ce rôle et le remplissait toujours. J'avais peut-être manqué de figure maternelle, mais certainement pas de père.

- Et la seconde raison, c'est que oui tu l'as arrêté, mais tu ne m'as pas privé de lui. Si j'en avais été privée, c'est parce que lui m'a abandonné. Il n'est pas en prison à cause de toi. Il y est à cause de lui. Il y est à cause de ses crimes. Des actes découlant de ses propres décisions. Il a fait le choix d'être en prison. Il n'a pas ouvertement choisi d'y être, mais il a choisi de commettre des crimes qu'il savait condamnable, mais dont il s'imaginait stupidement qu'il arriverait à passer toute sa vie entre les gouttes. Alors arrête de penser que tu me dois quelque chose. Tu as juste arrêté un criminel et c'est l'une des raisons pour laquelle je t'apprécie et je te respecte autant. Tu es juste et intègre. Et tu ne me dois rien.

Stefan n'avait rien à se reprocher. Ou s'il avait des choses à se reprocher dans sa vie ou son passé, aucunes ne me concernait. Il ne me devait rien. Et s'il s'était donné la responsabilité de veiller sur moi pour quelconque sentiment de culpabilité lié à ça, et bien il pouvait se libérer de cette responsabilité.

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

Lorsque Stefan me révéla le nom de la personne qui l'aidait, je fus surprise d'entendre un nom qui ne m'était pas du tout inconnu.

- Oh, mais c'est un nom que je connais. Enfin, je ne connais bien Aliana, mais je suis très proche de son cousin Tristan. Si tes arrières sont couverts par une Blackthorn, tu es dans les meilleures mains.

Visiblement, nous avions tous deux un Blackthorn dans notre entourage. C'était amusant. Mais savoir qu'Aliana le protégeait me rassurait. Et en même temps m'inquiétait. Par parce que c'était Aliana - c'était au contraire la seule chose de positif dans l'histoire, mais parce que ça laissait entrevoir qu'il pouvait avoir besoin d'une telle protection.

- Depuis quand ? Tu es au courant, je veux dire.

C'était étrange pour moi de lui poser la question si directement. C'était un sujet que nous avions jamais évoqué lui et moi. Car si son aura m'avait indiqué qu'il était humain, la lecture d'auras ne me permettait pas de voir ce que pouvait savoir l'autre. Pas plus que l'empathie. Enfin si, l'empathie m'aurait permis de le deviner si nous avions évoqué le sujet du surnaturel et que ses émotions aurait pu me guider vers la vérité. Mais nous n'avions jamais parlé surnaturel. C'était pour ça que je ne lui avais dit pour ma propre nature. Pas par manque de confiance, mais parce que si le surnaturel lui était inconnu, pourquoi lui aurai-je imposé d'être au courant et l'avoir plongé dans encore plus de dangers et d'inquiétudes, juste pour me sentir plus libre de parler de tout. Mais là, je me doutais qu'il savait. Sinon pourquoi une shadowhunter comme Aliana couvrirait les arrières d'un humain ? Un terrestre comme les shadowhunters les appelaient, je crois. De ce que j'avais appris aux côtés de Tristan, mais aussi en côtoyant parfois Tobias, c'était que les shadowhunters se cachaient des humains avec les runes le plus souvent et ne les côtoyaient que s'ils avaient envie ou si ça avait une utilité ou une obligation. Alors si Aliana couvrait Stefan, je ne voyais pas d'autres raisons que le fait qu'il sache et que ça l'ait mis en danger. Ça ou il avait un héritage particulier. Mais s'il savait, il est plus sûr pour lui que je lui pose la question. Que nous mettions carte sur table et qu'aucun de nous deux n'ait besoin de se cacher de l'autre. Qui sait, possible que cette discussion l'amène à voir aussi que je n'étais pas si fragile et qu'il pourrait entrevoir la possibilité d'accepter que je le couvre aussi à ma façon.
Quand il mentionna sa femme, je me mordis la lèvre en baissant les yeux pour fixer mes pieds. Je m'en voulais de l'avoir amené à parler de ça et de la peine que cela amenait en lui. Je relevais les yeux et tentais maladroitement de lui faire comprendre que je le comprenais sans pouvoir à 100% comprendre ça précisément, car son vécu lui restait propre.

- J'ai retrouvé l'un des cadavres de mon père. Je sais que ce n'est pas comparable, car de mon côté ça a davantage été la peur que la douleur... Quant au reste, je ne doute pas que dans ton métier tu as dû en voir plus que beaucoup dans toute leur vie, mais je ne suis pas certaine que face à moi, tu gagnerais à l'ancienneté. Disons qu'il y a peut-être des petites choses me concernant que j'ai réussi à faire échapper à ton radar... Désolée...

Je lui offris une moue faussement désolée. C'est que cela m'aurait été difficile de tout lui dire alors que j'ignorais à l'époque sa connaissance de monde magique. Et si j'avais vu des cadavres humains, tués par des démons, la plupart de ceux que j'avais vu ne l'étaient pas. J'étais neutre, mon entourage était divers et varié, et certains peu recommandables. Sans compter que même si je me refusais à prendre part au combat bien/mal et tout le bordel autour, j'étais la propriétaire d'une boutique de magie. Et je ne me voilais pas la face, pas venaient se fournir en "munitions" magiques chez moi. Sans compter que je faisais aussi la livraison pour une grosse partie du marché obscur que possédaient Sven et Morrigan. Alors autant dire que si on venait se fournir en moyens de combattre chez moi et que mes clients étaient de tous les camps, il n'était pas rare que des affrontements aient lieu à peine sorti de ma boutique. En plus, ma localisation était dans une ruelle discrète et avec pas mal de petites impasses dans le quartier. Évidement que j'avais vu pas mal de cadavres. J'avais même dû aider quelques fois à faire "le ménage". Ce n'était pas glorieux, mais le monde magique fonctionnait grâce aux secrets. Et si pour les grosses expositions magiques, on avait les nettoyeurs, pour ce genre de cas, considérés comme mineurs, c'était à nous de participer à maintenir le silence sur notre existence en nettoyant derrière nous. Ce n'était pas une question de participer au combat, ou d'appartenir à un camp. C'était juste une question de survie. L'Histoire avait montré que les humains adoraient les légendes sur les créatures magiques, mais étaient beaucoup moins fans en découvrant que les légendes existaient. Alors non, comparativement, je n'étais pas sûre que si on listait chacun nos morts, Stefan pourrait "gagner" à l'ancienneté. Et je ne sais pas si j'aurais préféré ou non. Parce qu'au final, ça n'aurait rien d'une victoire.

- Me débarrasser de toi ? Ah, mais ça n'a jamais été au programme. Je dis juste que j'ai plus l'âge de la princesse et du chevalier en armure. Même si le costume semble être sur mesure sur toi. Non maintenant je suis davantage reine et chef des armées. Après tout, une princesse, ce n'est rien de moins qu'une future reine.

Je lui offris le fameux jeté de chevelure telle une reine avec le port de tête qui va avec, avant de redevenir normale tout en me mordant la lèvre pour ne pas éclater de rire.

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@Stefan A. Cadalso & @Ivy Goren

janvier 2030

Quand Stefan mentionna que c'était un petit monde, je haussais les épaules avec un petit sourire.

- Disons qu'il est petit quand on gravite dans les mêmes sphères.

Parce que si le monde était vaste et plein plus riche qu'il n'y paraissait, étrangement quand on gravitait dans le monde magique, on pouvait rapidement connaître les mêmes personnes. À croire que la magie pouvait rapprocher autant qu'elle étendait les connaissances. Mais savoir que Stefan avait désormais conscience de tout ce qui pouvait l'entourer, c'était autant rassurant qu'inquiétant. Parce que ce qu'il pouvait savoir allait le mettre en danger, mais ce qu'il pouvait encore ignorer également. Heureusement, il semblait être sous la protection d'une shadowhunter. Et la cousine de Tristan de surcroît. Je ne connaissais Aliana que de nom, mais j'avais confiance en Tristan et j'avais vu de quoi un shadowhunter était capable. Alors j'étais certaine qu'Aliana avait parfaitement veillé su Stefan jusqu'à présent. Pour preuve, il semblait aller bien. Physiquement en tout cas. Parce qu'émotionnellement, ça devait être une autre histoire avec tout ce qu'il avait vécu et vu. Et maintenant qu'il avait mis le pied dans le monde magique, il allait en voir de nouveau ou voir autrement certains de ses souvenirs. Il me retourna la question à propos de ce que je pouvais savoir. Ça y est, on y était.

- Depuis ma naissance.

Je n'avais toujours connu que ce monde. Contrairement à Stefan, je n'avais jamais eu de moment où ce qui m'entourait m'apparaissait autrement. J'avais toujours su, j'avais toujours tout vu. Parce que j'y appartenais. Alors certes les humains y appartenaient tout autant, seulement la magie leur était caché en pleine lumière. C'était comme si l'humanité avait le pouvoir de naître avec des œillères qu'ils pouvaient garder ou retirer. Alors qu'en tant que demi-nymphe, je n'avais jamais pu avoir ces œillères. Parce que j'avais d'autres pouvoirs et la responsabilité de les contrôler pour ne pas devenir un danger.

- Tu n'as jamais posé de questions sur ma mère.

Il avait connu mon père et mon oncle, mais jamais ma mère. Il avait dû voir les papiers qui disaient que ma mère m'avait abandonnée à la garde de mon père, à l'époque où il enquêtait sur lui. Les papiers n'étaient pas faux, disons que la vérité est plus compliquée. C'était dans ces cas-là que la communauté magique se serrait les coudes. Mon oncle avait trouvé un avocat qui appartenait à ce monde. Il avait fait en sorte que la garde à mon père soit légale sans que ça n'amène de questions à propos de ma mère. Ma mère étant venue de temps à autre pour m'aider avec mes pouvoirs, tout avait été organisé pour que tout soit en règle sans jamais trop en dire. Alors il était évident qu'à l'époque, si Stefan ignorait l'existence de la magie, il avait du juste se dire que ma mère était une de ces femmes qui abandonnaient leur enfant au père, car elles étaient irresponsables ou autres. Et certains diraient que c'était parce que c'était le cas. Mais moi, j'étais plus à penser que ce n'était pas aussi simple que ça.

- Ma mère est une nymphe. Si ça peut te rassurer, mon père et mon oncle sont humains, comme toi. Donc pas de risque qu'il puisse utiliser la magie pour fuir ou esquiver la prison.

Oui, maintenant que j'avais révélé à Stefan le fait que je faisais partie du monde magique, il me semblait important de lui dire que ce n'était pas le cas de mon géniteur. Et qu'il resterait bien dans la cellule dans laquelle il se trouvait. Il n'avait pas la possibilité magique de s'en échapper. J'aurais pu l'avoir, mais comme je tenais à ce qu'il reste en prison, il était clair qu'il n'aurait jamais mon aide.

- Si tu es doué. Mais comment tu aurais pu me protéger d'un monde que tu ne connaissais pas ? Je suis née dedans, je suis bien placée pour te dire à quel point on est doué pour cacher notre existence.

C'était un peu une question de survie. Tous les humains n'étaient pas comme Stefan. Et tous n'étaient pas nourris de bonnes intentions ou capable d'endurer la vérité. Stefan ne devait pas se reprocher de n'avoir rien vu. C'était au contraire le signe que le monde magique avait bien fait son boulot. Quand il mentionna que les reines pouvaient tomber aussi facilement, j'eus un petit rire.

- Et je ne suis pas une reine de toute manière. Mais je suis une demi-nymphe qui possède l'une des boutiques de magie les plus respectées de la ville. J'ai des pouvoirs, ma boutique regorge de potions, de formules et d'objets magiques en tout genre. Et tu partages le boulot de veiller sur moi avec un shadowhunter et mon être de lumière. Je ne suis pas une guerrière, mais je suis loin d'être sans défense. Sans compter que j'ai appris à être utile pour tous les camps, à ne jamais paraître comme une menace, mais à ce qu'on sache que dans mon entourage, certains peuvent en être une si j'étais en danger.

C'était l'un des avantages à avoir du sang de nymphe. Les nymphes étaient naturellement charmeuses et charmantes. On les aimait facilement. Sans compter que les nymphes n'étaient pas connues pour être menaçantes. On avait plutôt tendance à les voir comme des protectrices de la nature, des adeptes de la fête et des charmeuses immatures. J'aurais aimé dire que c'était faux, mais ma mère était la pure incarnation de cette description. Heureusement pour moi, j'étais à moitié humaine. La maturité devait me venir de là. Non en vérité, ça devait venir de l'excellent boulot éducatif qu'avait fait mon oncle.

- Je ne mentais pas quand je te disais que si tu as besoin d'une couverture sur un plan d'influence, je peux t'aider. Tu sais juste maintenant que mon réseau efficace est plus "particulier" que ce qu'on ne peut imaginer.

Mon offre d'aider Stefan n'avait pas été une parole en l'air. Elle avait été sincère et sérieuse. Mais je ressentis à cet instant que ça faisait beaucoup à Stefan pour encaisser. Alors, je lui offris un sourire et le saluais en silence, avant de partir. Les grandes explications seraient pour plus tard.