Well surprise, surprise # Ivy

Boyd n'avait pas d'appartement, ni de studio. Il était arrivé à San Francisco en commençant par se payer quelques nuits à l'hôtel, mais plus le temps passait et moins il avait d'argent pour continuer sur cette lancée. Les petits boulots lui permettaient juste de pouvoir manger un bon repas et profiter un peu, en soirée, d'un verre ou deux dans un bar, rien de plus. De toute façon, il ne cherchait pas de travail stable puisqu'il n'était pas censé résider aux États-Unis. Boyd était arrivé illégalement dans cette grande ville et n'avait aucun papier sur lui qui lui permettait de ne pas se faire arrêter. Comme ce soir, par exemple.

Non seulement Boyd n'avait pas de papiers sur lui autre qu'une carte d'identité où était noté qu'il vivait en Écosse, mais en plus, il avait eu la bonne idée de squatter des chambres d'hôtels sans payer et s'était fait prendre sur le fait pour la première fois depuis des jours. Il avait pourtant fait attention d'être très discret, à disparaître au bon moment lorsqu'il entendait quelqu'un activer sa carte magnétique de l'autre côté... ce soir, il avait perdu sa vigilance en regardant la télévision avec un son un peu plus élevé que d'habitude. Il n'avait pas entendu le cliquetis si familier de la porte qui se déverrouille et, au lieu de découvrir des clients (dans lequel cas il aurait pu s'enfuir) Boyd a vu débarquer l'un des gérants de l'hôtel accompagné d'un policier. Rien que ça. Le premier homme avait entendu du bruit dans la chambre et était certain qu'elle n'était réservée à aucun client. Il a donc deviné ce qui se passait et a appelé la police pour virer l'intrus.

Boyd était donc derrière les barreaux, l'air dépité. Il pouvait partir d'ici en utilisant son don d'intangibilité mais, honnêtement, il ne voulait pas s'attirer plus d'ennuis. Il ignorait cependant que quelqu'un avait eu vent de son arrestation et que ce quelqu'un n'était autre que sa sœur. Sœur qu'il n'avait jamais rencontré, jamais vu et surtout, dont il ignorait l'existence.

Well surprise, surprise

@Ivy Goren & @Boyd O'Connor

début février 2030 

Depuis notre retour de Vegas, Rory et moi avions fort à faire. J'étais sortie de cette nuit de folie au Nevada, en femme mariée. Mariée à... j'en savais foutre rien. Et j'étais à la fois curieuse et peu motivée à le découvrir. C'était contradictoire, mais je crois que j'avais l'appréhension de découvrir à quoi il pouvait ressembler. Et du coup, je repoussais le moment de la découverte en évitant de chercher. Oui, c'était reculer pour mieux sauter. Hélas, Rory en bon demi-cupidon, semblait motivé à fond pour trouver celui qu'il appelait désormais "le mari de ma sœur". Il en était limite obsessionnel. Définitivement plus cupidon que nymphe, sur le coup.
Mais aujourd'hui, je n'aurais jamais cru que ma mère viendrait s'ajouter à ce chaos qu'était déjà ma vie en ce moment. Elle était venue à la boutique. Rory n'était pas là. En même temps, vu ce pourquoi notre mère était venue, c'était sans doute mieux que Rory n'ait pas été là. Parce que notre mère, dans toute son irresponsabilité naturelle, était venue me demander d'aller régler un problème à mon frère. Rory? Non, un autre. Il s'appelait Boyd O'Connor. Moitié nymphe, moitié humain, comme moi apparemment. Et il était donc en cellule au commissariat pour avoir été chopé en train de squatter une chambre d'hôtel. Je n'avais pu m'empêcher de faire remarquer sarcastiquement à notre mère "Telle mère, tel fils." mais visiblement, elle n'avait pas écoutée, trop occupée à... parler d'elle, je crois. Résultat, elle était repartie aussi vite qu'elle était venue. Et j'allais devoir régler le problème à sa place. Encore. Comme toujours. Mais il fallait bienque quelqu'un le fasse. Alors j'avais contacté mes contacts pour récupérer les infos, où il était, ce qu'on lui reprochait, etc. Et finalement, j'avais dû demander à mon voisin avocat, un coup de main. Maintenant j'avais une dette envers lui. Je n'aimais pas avoir des dettes. Ce n'était pas pour rien que j'avais demandé à Rory d'éviter de se faire arrêter par les flics. Résultat, ce que Rory ne faisait pas, Boyd l'avait fait.
J'avais donc débarqué au commissariat, armée de mon meilleur numéro de charme et de quoi payer caution et gérant.

- Bonjour. Je viens payer la caution de mon frère.

Que ça me faisait drôle de le dire. Pas parce que je n'avais pas l'habitude de dire que j'avais un frère. Je le disais souvent en parlant de Rory. Mais là, je m'en découvrais un deuxième. J'allais devoir m'habituer à dire que j'avais des frères. Des frères et un mari. Peut-être même plus, connaissant maman. Plus de frères, je veux dire. Un mari, j'en avais déjà un et je n'étais pas foutu de donner son nom, vu que j'ignorais qui il était. Non aujourd'hui, j'étais là pour rencontre mon second frère. D'après ma mère, il était plus vieux et donc techniquement mon aîné. Mais à me voir entrain de payer sa caution, j'avais la sensation de rester l'aînée. Mais le fil des pensées fut vite coupée par l'agent qui me demandait le nom de mon frère. Ah oui, c'est vrai, son nom...

- Boyd O'Connor. Et je suis également là pour rembourser le gérant.

Elle allait me coûter cher cette rencontre. J'avais désormais une dette envers mon voisin pour avoir négocié le remboursement en échange de la plainte retirée, et j'allais devoir payer de ma poche la caution et la nuit d'hôtel squattée. Il fallait se dire que mon frère me rembourserait un jour... L'espoir fait vivre.
Les paiements effectués, les modalités réglées, les signatures faites, je vis ainsi débarquer le fameux Boyd qui était donc… mon frère. Je me doutais que les questions allaient fuser, mais on était en plein dans un commissariat, et je ne tenais pas vraiment à causer mère volage et magie, entourée de flics. Parce que sinon, il y avait de fortes chances que Boyd soit direct renvoyé en cellule, et moi avec.

- C'est réglé. Suis-moi. Les réponses, ça sera dehors.

Un peu directif, mais j'étais celle qui venait de le sortir de là, alors je pouvais me permettre de donner dans le directif. Et puis, le but était de vite se barrer d'ici. J'étais fille et nièce de policier, ça voulait pas dire pour autant que j'adorais squatter les commissariats. Joignant le geste à ma parole, je pris d'un pas décidé la direction de la sortie. Pas certaine qu'il me suivrait, il pourrait tout aussi bien se barrer vitesse grand v. Mais j'avais comme dans l'idée que s'il était bien à moitié nymphe, une part de lui serait curieuse. Une fois dehors et éloignés des oreilles policières indiscrètes, je fis demi-tour sur moi-même pour faire face à ce nouvel ajout dans ma famille.

- Au fait, moi, c'est Ivy Goren.

Oui, il fallait bien commencer par les présentations. Et puis, je n'allais pas le harceler d'infos sans donner mon nom. J'allais le laisser me poser les questions. Un peu comme je l'avais fait avec Rory.

PRETTYGIRL

« Bonjour. Je viens payer la caution de mon frère. » Dans sa cellule, Boyd observait le commissariat debout, appuyé contre les barreaux. Il ne voulait pas trop rester à côté du type qui avait été arrêté pour état d'ébriété dans un centre commercial et qui empestait l'alcool. Si la jeune femme qui venait d'entrer était venue pour le chercher, Boyd lui souhaitait bon courage mentalement. « Boyd O'Connor. Et je suis également là pour rembourser le gérant. » Boyd fronça les sourcils après avoir entendu son nom. Comment la jeune femme le connaissait-elle ? Et pourquoi disait-elle qu'il s'agissait de son frère ? Boyd l'observa attentivement en essayant de se remémorer une possible rencontre avec la jeune femme. Peut-être qu'ils s'étaient croisés dans un bar ou à une soirée ? Bien que ça n'explique pas pourquoi elle était au courant de son arrestation ni pourquoi elle disait être sa sœur. Pour l'aider à sortir d'ici ? Un homme arriva près de la cellule et libéra Boyd qui était toujours déconcerté.

Après quelques minutes d'attente, le jeune homme récupéra les affaires qu'on lui tendait (pas grand chose à part quelques babioles et un numéro de téléphone sur un bout de papier), puis fut amener auprès de la demoiselle dont il n'arrivait toujours pas à se souvenir malgré ses efforts pour la resituer. « C'est réglé. Suis-moi. Les réponses, ça sera dehors. » Boyd avait un peu l'impression que quelqu'un l'avait aidé en envoyant cette jeune femme inconnue, mais là encore, qui aurait pu être derrière ce plan ? Des tas de questions passèrent dans la tête de l'Écossais qui suivit la rouquine sans répliquer, pour le moment. On venait de l'aider, on le sortait de prison, il n'allait pas poser des questions devant les flics quand même.

À l'extérieur, Boyd continua de suivre la jeune femme qui se présenta enfin. « Au fait, moi c'est Ivy Goren. » Ce nom ne lui disait rien. Vraiment. Il secoua un peu la tête, confus. « Ok, on ne se connait pas, c'est bien ça ? » Boyd voulait être certain de ce fait, même s'il avait conscience qu'il pouvait la vexer en affirmant qu'il ne se souvenait pas d'elle. « Déjà, merci de m'avoir fait sortir de là, mais... j'ai du mal à comprendre, en fait. » Boyd se rappela qu'elle avait dit libérer son frère, alors, il continua sur sa lancée. « Pourquoi avoir dit que j'étais votre frère et qui vous envoie ? »

Well surprise, surprise

@Ivy Goren & @Boyd O'Connor

début février 2030 

Je respirais mieux maintenant que nous étions sortis. Pas que je détestais les policiers. J'avais été élevée par un flic. Mais l'atmosphère d'un poste de police, c'était plus relents d'alcool et tensions sur le point d'exploser que fleurs et petits oiseaux chantants. Mais maintenant que nous étions dehors, j'allais devoir répondre à des questions. Je n'étais que la porteuse de réponses, mais je sentais déjà que j'allais devoir être plus responsable que notre mère ne l'était. Le brun semblait chercher dans sa mémoire d'où on se connaissait. Et quand il me demanda si on ne se connaissait pas, je ne savais pas trop si c'était une question rhétorique ou s'il était vraiment en train de m'interroger. Alors, même si cela pouvait être juste rhétorique, je lui répondis franchement par la négative.

- En effet, on ne se connait pas encore.

Parce que maintenant que je savais qu'il était mon frère, j'étais curieuse de le connaître. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi enjoué à l'idée d'une fratrie que ne l'avait été Rory, mais si Boyd désirait partir pour ne plus me voir après ça, je voulais au moins profiter de cette discussion informelle pour en savoir un minimum sur lui. Quand il me remercia de l'avoir fait sortir, je haussais négligemment les épaules en souriant. Je n'étais pas là pour des remerciements. Si je voulais un "merci" je pense même que je me serais davantage attendu à ce qu'il vienne de notre mère. Boys semblait un peu perturbé de la situation. C'était compréhensible. Une inconnue venait de le sortir de prison et de rembourser le gérant à sa place. Ce genre de carte "sortie de prison" obtenu si facilement, c'était suffisamment rare pour que ça amène des questions.

- On m'a demandé de venir te libérer. On m'a donné ton nom, m'a dit où tu étais et que je devais régler la situation.

Oui dis comme ça, ça pourrait paraître étrange. Ça sonnait presque intermédiaire de mafieux. Alors que j'étais juste l'intermédiaire de notre mère. Ou plutôt sa fille de main vu que j'étais en train de faire ce qu'une mère "normale" aurait fait. Et Boyd m'avait bien entendue me présenter comme sa sœur. Ok, je ne pensais pas que j'allais devoir aborder si vite le sujet, mais soit...

- Parce que c'est le cas.

Enfin techniquement demi-sœur maternelle, mais chez moi, c'était tout ou rien. On avait la même mère, ça faisait de lui mon frère et c'est tout.

- C'est notre mère qui m'envoie. Enfin elle est venue me voir, m'a dit que je devais te faire sortir de prison en me filant ton nom. Et elle s'est barrée. La dernière fois, elle avait juste filé mon nom et mon adresse à notre frère. C'est comme ça que notre mère fonctionne. Elle fait les enfants et moi je me charge du service après-vente.

Oui, c'était un peu rude de présenter notre mère ainsi, mais petit un, c'était la vérité, petit deux, j'anticipais l'éventuelle question du style "pourquoi c'est toi qui es là et pas elle..." Mais je ne me voyais pas entrer plus dans les détails en plein milieu d'une rue certes relativement vide, mais pas loin d'un commissariat.

- Si tu veux qu'on parle détails, je suggère qu'on s'éloigne. Genre en marchant. Je paie même le café et les viennoiseries, si tu veux.

Parce qu'en détention, ce n'était pas l'endroit où il aurait été accueilli avec des boissons chaudes et des sucreries. Suffisait de voir son colocataire de cellule pour voir que le café avait plus que manqué.

PRETTYGIRL

« En effet, on ne se connait pas encore. » Boyd fronça les sourcils. S'ils ne s'étaient jamais rencontrés, pourquoi le faire sortir de prison ? Quelque part au fond de lui, le jeune homme espérait qu'il n'existe pas d'agent secret capables de repérer des êtres surnaturels pour ensuite les emprisonner ailleurs. D'accord, il regardait trop de films et de séries sur ce sujet et se faisait clairement des idées. Il n'empêche que sa connaissance du monde surnaturel et de ce qui pouvait exister en parallèle du côté des humains à ce sujet était clairement limitée. « On m'a demandé de venir te libérer. On m'a donné ton nom, m'a dit où tu étais et que je devais régler la situation. » Qui était "on" au juste ? Boyd était de plus en plus perplexe. Il commençait même à croire à sa petite théorie d'agent secret spécial être surnaturels. Sauf que, plutôt que de se ridiculiser, Boyd se concentra sur le fait qu'elle avait dit être sa sœur un peu plus tôt et lui posa la question, pour bien lui faire remarquer qu'il avait entendu. « Parce que c'est le cas. » D'accord. Boyd se figea avant de secouer la tête, totalement déboussolé. « C'est notre mère qui m'envoie. Enfin elle est venue me voir, m'a dit que je devais te faire sortir de prison en me filant ton nom. Et elle s'est barrée. La dernière fois, elle avait juste filer mon nom et mon adresse à notre frère. C'est comme ça que notre mère fonctionne. Elle fait les enfants et moi je me charge du service après-vente. » Boyd était totalement sous le choc et laissa Ivy lui proposer d'en discuter sur le chemin et de lui offrir un petit déjeuner. « Ok. Marchons dans ce cas. » Mais à peine avait-il fait un pas, puis deux, qu'il commença à réagir à tout ce qui avait été dit. « Donc, si je comprends bien, cette femme qui m'a donné naissance et qui m'a abandonné en Écosse espionne ses enfants malgré son rôle de la mère de l'année ? » Boyd avait du mal à comprendre comment une mère pouvait abandonner ses enfants et savoir où ils se trouvaient exactement. « Et j'aurais donc un frère, c'est ça ? Et tu es chargée de quoi au juste, nous annoncer la nouvelle sur son comportement ? Nous sortir de prison ? » Boyd l'observa et n'osa pas en dire plus. Il avait du mal à croire que tout ceci était bien réel, que cette femme qui l'avait sorti de prison disait bien la vérité. « Je suis désolé, mais ça me semble assez gros pour que je crois un mot de tout ça. » Il n'allait quand même pas tout gober du premier coup.

Well surprise, surprise

@Ivy Goren & @Boyd O'Connor

début février 2030 

L'idée de marcher et de nous éloigner du commissariat étant validée, nous avancions à la fois en quête de café et de réponses. Même si pour la partie réponses, j'étais celle qui allait me charger de les fournir.

- C'est tout maman.

Ok c'était dit sur le ton du sarcasme, mais c'était tristement vrai. Je la reconnaissais bien là. Un enfant de plus qu'elle avait délaissé face à l'appel de la nature. Je n'arrivais pas à lui en vouloir, mais en même temps j'étais bien placée pour comprendre la sensation d' être moins importante que la nature. J'étais juste la plus rôdée car pour ma part, je l'avais bien compris et accepté depuis un bail. Je me décidais à lui expliquer davantage le fond de ma pensée.

- Moi elle m'a laissé devant le commissariat où bossait mon père avec une lettre disant en gros "démerde toi avec notre fille, je viendrais de temps en temps aider si besoin". C'est pas du mot pour mot, mais c'était l'idée. Et notre frère a grandi en foyers eta eu d'elle mes coordonnées pour si il voulait des réponses. Et on est peut pas ses seuls enfants. C'est....maman. Elle nous aime, mais disons que la notion de maternité et de responsabilité c'est pas ça.

Là encore le "c'est pas ça" était un euphémisme. Mais je savais qu'elle nous aimait. Du mieux qu'elle pouvait. Ca ne voulait pas dire que c'était le mieux pour nous. Moi j'avais eu la chance d'avoir mon oncle. Pas mon père qui lui était ce dont j'aurais pu me passer.Et dont je m'étais passée d'ailleurs. Mais mon oncle m'avait éviter de finir en foyer et avait pris soin de moi comme si j'étais sa propre fille. Rory et visiblement Boyd aussi, n'avaient pas eu cette chance.

- Pour la carte "sortie de prison" j'aurais aimé éviter. J'ai grandi avec des flics, mais j'aime pas des masses les commissariats. Je suis pas branchée prison et menottes. Ou en tout cas, pas celles de ce style pour les menottes.

Mais entre mon père qui avait élu domicile à perpétuité dans l'une d'entre elle et Boyd dont je venais d'en sortir, j'avais la sensation que la prison n'était jamais loin de moi. Fallait espérer que mon mari inconnu soit pas lui aussi en prison, car il était hors de question que je termine en visite conjugale.

- Non je suis là pour répondre aux questions, pour aider si besoin....dans notre héritage familial si particulier dirons-nous. Et rien de t'oblige à me croire. Mais moi, je suis curieuse. Comment as-tu fais pour entrer dans cette chambre sans payer et sans te faire repérer? J'ai dans l'idée que ce tu as hérité de notre mère t'as aidé pas vrai? Parce que je peux sans problème t'en dire plus sur cet héritage. Genre y mettre un nom par exemple.

J'avais lu son aura, il était comme moi. Moitié nymphe, moitié humain. Mais peut-être le savait-il déjà. Je tentais vraiment un coup de poker en pariant qu'il l'ignorait et que j'attiserais sa curiosité de savoir. S'il le savait déjà, ma remarque aurait moins de portée. Et après tout, il n'était pas obligé de me parler. J'avais rempli ma mission pour notre mère et si Rory avait tout de suite été curieux, il n'était pas sûr que Boyd puisse l'être lui aussi.

PRETTYGIRL

« C'est tout maman. » Boyd avait imaginé plusieurs scénarios au sujet de son abandon et avait toujours eu une préférence pour la mère qui n'a d'autres choix que de se séparer de lui en promettant de le retrouver un jour. Il fallait croire que cet infime espoir pouvait être définitivement effacé de son esprit, surtout lorsque sa sœur lui expliqua comment leur mère l'avait abandonné, elle. Et puis, ils étaient peut-être plusieurs perdus dans la nature. Cette information fit hausser les sourcils de Boyd qui se demandait si sa mère était réellement aussi égoïste ou si, plus sérieusement, elle souffrait d'une pathologie psychologique qui l'empêchait de réaliser pleinement l'ampleur de ses actes, ce qui pourrait au moins lui donner une excuse valable. « C'est....maman. Elle nous aime, mais disons que la notion de maternité et de responsabilité c'est pas ça. » Donc, est-ce qu'il pouvait envisager de partir sur l'hypothèse qu'elle n'était pas consciente de tout ce qu'elle faisait ? Boyd pouvait peut-être garder espoir après tout. « Ouais, c'est clair. » Comment aurait été sa vie sans cet abandon ? Comment serait-il aujourd'hui s'il avait été élevé entouré de frères et de sœurs avec qui construire des tas de bons souvenirs ?

« Pour la carte "sortie de prison" j'aurais aimé éviter. J'ai grandi avec des flics, mais j'aime pas des masses les commissariats. Je suis pas branchée prison et menottes. Ou en tout cas, pas celles de ce style pour les menottes. » Boyd haussa de nouveau les sourcils, avec cette fois-ci un petit rictus en bonus. « D'accord. Je vois qu'on a un gros point commun sur tout ça. » Et bien sûr, il parlait d'absolument tout, du commissariat aux fameuses menottes. Mais est-ce qu'ils allaient avoir cette discussion en tant que frère et sœur ? Mieux valait-il éviter de connaître et de donner certains détails.

Bon, dans tout ça, Boyd était bien forcé de croire celle qui se disait être sa sœur. Le doute avait peu à peu disparu en l'écoutant parler, parce qu'elle semblait vraiment sincère et honnête. « Comment as-tu fais pour entrer dans cette chambre sans payer et sans te faire repérer? J'ai dans l'idée que ce tu as hérité de notre mère t'as aidé pas vrai? Parce que je peux sans problème t'en dire plus sur cet héritage. Genre y mettre un nom par exemple. » Là encore, elle visait juste et Boyd ne pouvait plus douter de quoi que ce soit. Il la dévisagea un long moment sans rien dire et décida finalement d'être franc, puisque cet héritage ne faisait sans doute pas référence à leur charme. « Un nom comme "don spéciaux" ? Ouais, c'est grâce à ça que je peux entrer dans des chambres sans payer. Je peux passer à travers les murs et des tas de trucs je crois. On est tous dotés de ce pouvoir ou c'est différent pour chacun de nous ? »

Well surprise, surprise

@Ivy Goren & @Boyd O'Connor

début février 2030 

Je pouvais lire sur le visage de ce frère fraîchement découvert qu'il était en train d'emmagasiner ce que je lui disais. Et contrairement à Rory qui avait clairement montré sa colère par rapport à notre mère, Boyd semblait avoir davantage de cynisme. J'avais l'impression que niveau caractère, il était plus proche du mien que de celui de Rory. Et quand il mentionna qu'on avait un gros point commun sur tout ça, ça m'amusa autant que ça me rassura. Allez savoir pourquoi...

- Le vrai mot, c'est "pouvoir magique", pas "don spécial". Le terme don, ça connote un peu trop trip divin. Et toi et moi, on est pas des anges.

Dans tous les sens du terme. Je venais de le sortir de prison, et moi-même, j'avais pas mal de casseroles à me traîner. Rien à voir avec mon ancien métier de traiteur, les casseroles. Sans compter que si les anges existaient - merci Tristan de me l'avoir révélé - nos auras traduisaient bien que seul du sang de nymphe coulait dans nos veines à Boyd et moi. Et pour ce que ça impliquait chaque jour, c'était déjà pas une mince affaire.

- Pour le moment, entre toi, notre frère et moi, on en a tous. Pas forcément les mêmes. Disons que l'on tient de la nature de notre mère et qu'en général, chaque race à une palette de pouvoirs possibles.

Même si certains pouvoirs pouvaient se retrouver dans la palette de plusieures race différente. Mais je n'allais pas entrer dans les détails. Je n'avais même pas encore avoué à Boyd qu'il était à moitié nymphe. D'ailleurs je remédiais de suite à ça.

- Oh et pour notre mère, c'est une nymphe. Les nymphes sont des gardiennes et des protectrices de la nature avec la capacité émotionnelle et le niveau de responsabilité d'une gamine de 15 ans. Tu visualises le bon gros cliché de la hippie période festival de Woodstock? Tenues colorées, couronnes de fleurs, danses autour du feu et amour libre à tout va? Maman.

Ça, c'était le descriptif rapide d'une nymphe. Mais je venais à peine de lui dire ce qu'était notre mère, entrer dans le descriptif complet de la nature maternel risquait d'être long. Et Boyd ne voulait peut-être pas en savoir plus sur cette partie-là. Je venais déjà de lui en filer pas mal à digérer, après tout.

- Tu ne possèdes que l'intangibilité ? Je veux dire, tu ne peux que traverser la matière ?

J'avais dû préciser ma question, car j'ignorais si Boyd connaissait le nom de son propre pouvoir. Il ne semblait pas en savoir tant que ça sur notre monde. Rory avait avoué de lui-même de pas en savoir beaucoup, mais de ce que je voyais de Boyd, il était beaucoup moins bavard que Rory.

- Je te pose la question, car en général, une nymphe -ou dans notre cas en tant que demi-nymphe- nous en avons en général plusieurs. Donc est-ce qu'il n'y a que celui là qui t'est apparu?

Ce n'était pas une simple question de curiosité, c'était aussi pour tenter de savoir s'il avait bien le contrôle de son ou ses pouvoirs. Sans contrôle, il pouvait être autant en danger qu'en être un lui-même. En soi, traverser la matière ne ferait pas de lui un danger, mais s'il en avait d'autres, je devais poser la question. Car comme pour Rory, j'avais comme dans l'idée que ma mère m'avait demandé d'aider Boyd, pas uniquement pour cette histoire de commissariat.

PRETTYGIRL

hors jeu:

« Le vrai mot, c'est "pouvoir magique", pas "don spécial". Le terme don, ça connote un peu trop trip divin. Et toi et moi, on est pas des anges. » Boyd arqua un sourcil à la dernière phrase, étonné. Il se demandait qui était exactement sa sœur pour ne pas se considérer comme un ange. Est-ce qu'elle avait aussi des ennuis avec la police ? Avec d'autres personnes ? Les questions continuaient de fuser dans sa tête, mais il n'avait pas le temps de les poser à voix haute. « Pour le moment, entre toi, notre frère et moi, on en a tous. Pas forcément les mêmes. Disons que l'on tient de la nature de notre mère et qu'en général, chaque race à une palette de pouvoirs possibles. » Boyd enregistra les informations dans un coin de son cerveau et s'apprêta à poser une question lorsque sa sœur le devança en donnant une réponse à celle-ci. « Oh et pour notre mère, c'est une nymphe. Les nymphes sont des gardiennes et des protectrices de la nature avec la capacité émotionnelle et le niveau de responsabilité d'une gamine de 15 ans. Tu visualises le bon gros cliché de la hippie période festival de Woodstock? Tenues colorées, couronnes de fleurs, danses autour du feu et amour libre à tout va? Maman. » Protectrice de... quoi ? Boyd écarquillait désormais les yeux, imaginant clairement à quoi pouvait bien ressembler sa mère avec la description que lui donnait Ivy. Est-ce que sa passion pour les plantes lui venait de ce coté... nymphe ? Boyd ne pouvait pas nier cette étrange fascination qu'il avait depuis tout petit pour la nature. Mais il pensait que c'était également le cas de beaucoup d'être humains. Jamais il n'aurait pu imaginer que les nymphes existaient réellement. « Oh, ouais, je vois. Je crois qu'on peut dire que je partage quelques similarités avec elle. Ca vient du coté nymphe j'imagine ? » C'était quand même assez étrange pour Boyd de connaître enfin toutes ces informations qui lui manquaient depuis son enfance. Et il ne pouvait pas avoir de doutes sur les paroles de sa sœur, parce que tout ça lui semblait beaucoup trop réaliste pour que ce soit faux. Certains éléments faisaient échos à sa propre vie, ce ne pouvait pas être une coïncidence.

« Tu ne possèdes que l'intangibilité ? Je veux dire, tu ne peux que traverser la matière ? » Le jeune homme leva les yeux vers sa sœur en se demandant si elle était au courant qu'il avait plus d'une capacité ou si c'était juste de la curiosité. « Je te pose la question, car en général, une nymphe -ou dans notre cas en tant que demi-nymphe- nous en avons en général plusieurs. Donc est-ce qu'il n'y a que celui là qui t'est apparu? » Est-ce qu'elle lisait dans les pensées ? Parce que ça faisait plusieurs fois que Boyd avait l'impression que sa sœur lisait à travers lui. « Non, je... je ne sais pas si on peut appeler ça de la phytokinésie ? Mais c'est ce qui s'est manifesté en premier pour moi quand j'étais un gamin. Je pouvais faire bouger des racines, des branches... je n'ai jamais vraiment développé tout ça, mais ça m'a fasciné. Je comprends mieux d'où ça vient. » Il poussa un léger soupir en commençant à réaliser l'impact de toute cette discussion. Il discutait très facilement avec sa sœur, comme s'il lui faisait confiance, alors qu'une part de lui était encore un peu sur ses gardes. C'était un sentiment assez étrange. « Et sinon, vous avez quels pouvoirs toi et notre frère ? Est-ce que c'est forcément lié à la nature ? » Il avait bien plus de questions que ça en réalité et il décida d'en lancer encore une. « Il va se passer quoi maintenant que tu m'as fait sortir de prison et dit tout ça ? Je vais rencontrer notre frère ? Notre mère ? Ou elle a disparu ? » En fait, ça faisait plus d'une question. « Tu es vraiment chargée de parler à tous ses enfants ? On est combien au juste ? »

Well surprise, surprise

@Ivy Goren & @Boyd O'Connor

début février 2030 

J'étais en train d'expliquer au mieux la situation à Boyd. Mais ne sachant pas trop comment il risquait de gérer et si je serais amenée à le revoir prochainement, j'avais une sorte de sentiment d'urgence à le brieffer le mieux possible. Et expliquer à un frère fraîchement découvert ce qu'il est et à quoi il appartenait en si peu de temps, ce n'était pas chose aisée. Il avait beaucoup de questions et j'avais beaucoup d'informations à lui fournir pour sa propre survie. Dans ces moments-là, je regrettais qu'il n'existe pas un dépliant de découverte, genre "le surnaturel pour les nuls" ou "tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le surnaturel sans oser le demander".
Bon, je venais de passer au sujet "maman" et il avait l'air de le prendre mieux que Rory. Disons que Rory l'avait toujours mauvaise au sujet de notre mère. Je n'allais pas le blâmer pour ça, moi j'avais eu la "chance" d'avoir été abandonnée à mon père. Alors oui, c'étai mon oncle qui avait fait le boulot parental, vu que mon père était aussi irresponsable que notre mère, mais j'avais évité les foyers. Mais si je comprenais Rory, j'étais rassurée de voir Boyd le prendre plus calmement. Deux frères montant une team "anti-maman", je me serais sentie en surdose pour la défendre. Il me demanda si une partie de lui pouvait s'expliquer par son hybridation nymphe. Je haussais les épaules ne sachant pas vraiment ce qu'il voulait dire par là.

- J'ignore de quels points tu parles, mais si c'est pour les pouvoirs, ton aura indique que tu es moitié nymphe, moitié humain. Comme moi. Et par conséquent, la partie magique, c'est forcément maman.

Niveau pouvoirs, étant à moitié humains, on n’avait pas vraiment à chercher bien loin pour savoir de qui on tenait notre part magique.

- Et pour le caractère, on ne se connait pas encore pour que je puisse te répondre...

Alors j'avais beau être empathique et lire les auras, je n'avais pas de pouvoir de savoir qui avait le caractère de qui. Ce n'était même pas un pouvoir existant. Mais si ça l'avait été, ça n'aurait rien eu de vendeur en même temps.
Mais nous en étions à la partie pouvoirs. Pas que j'étais curieuse de découvrir de potentiels points communs, mais s’il avait besoin d'aide sur ce point, il serait plus facile en sachant à quoi s'attendre. Il me confirma donc son intangibilité. Même si vu comment il s'était retrouvé derrière les barreaux, j'avais vu vite deviné. Mais apparemment, il était bel et bien le fils de notre mère, lui aussi possédait le pouvoir d'améliorer la nature. Je fis un petit sourire à cette découverte. Pas que je l'espérais, mais c'était amusant de voir qu'il partageait ce point avec Rory et moi. Comme une connexion naturelle supplémentaire avec nos origines maternelles.

- Amélioration de la nature. C’est le nom du pouvoir. Mais à la fin, ça deviendra sans doute de la phytokinésie. Un classique de nymphe. Tu l'as en commun avec notre frère et moi, alors si tu es perdu avec, n'hésites pas. Enfin plus moi que lui, parce que je le maîtrise bien mieux que lui...

Je ne le disais pas par orgueil ou par fierté, c'était juste un fait. J'avais eu la chance que notre mère m'aide enfant à le maîtriser. Ok, des cours express qui se comptaient sur les doigts d'une main, mais comparé à mes frères qui n'avaient rien eu de sa part, ça m'offrait un avantage technique. Il était toujours plus aisé d'apprendre à maîtriser son pouvoir, même seule, quand on avait eu des pistes sur comment le faire. Il me retourna la question en voulant savoir ce que je possédais comme pouvoir et si c'était lié à la nature.

- Moi oui. Amélioration de la nature, lecture des auras et empathie. Mais l'amélioration a évolué donc je dirais que j'ai carrément la phytokinésie. En gros, je contrôle les plantes dans leur ensemble. Comme Poison Ivy.

Notant que comme beaucoup en le découvrant, je risquais d'avoir la blague Batman, j'anticipais le sujet en lui lançant un regard entendu.

- Et ne t'avises pas de faire de mauvaises blagues sur mon prénom parce que, oui, c’est parce que je suis la fille d'une nymphe rousse et d'un fan de Batman que je dois ce prénom.

Dans un sens, ce n'était pas si mal. Vu que je possédais une boutique de magie, avoir le surnom de Poison Ivy, ça aurait presque pu être un atout commercial. Mais comme certains de mes clients étaient humains et me prenait pour une fan de magie sans imaginer que j'en étais une membre à part entière, j'avais dû renoncer à exploiter le filon. Même si c'était amusant. Mais je revins sur le sujet des pouvoirs en lui expliquant un peu à quoi correspondait ces termes néophytes pour lui.

- Pour l'empathie, je peux ressentir les émotions des autres et depuis peu, je peux aussi reconnaître le pouvoir d'un autre qui m'attaquerait et retourner son attaque contre lui. Enfin pour le moment, la partie canalisation étant récente, c'est loin d'être ça. Et pour la lecture des auras, en gros, on a tous une aura et moi je peux la voir et ainsi savoir la nature et le camp d'une personne. Toi, ton aura dit mi nymphe-mi humain, alignement neutre. Bienvenue dans la famille.

J'avais dit ça avec une petit sourire. Il éait clair qu'on avait la neutralité dans le sens. Soit ça, soit on était juste trop sociables pour prendre le risque de perdre des amis à cause de conneries de camp. Et comme je venais de l'accueillir dans la famille, j'en vins à parler de mon petit frère Rory, qui était donc aussi son petit frère.

- Rory... notre frère s'appelle Rory Langdon et il a 23 ans. C'est le plus jeune de nous 3. Je n'ai pas ton âge, mais tu as clairement plus de 23. Pour ma part, j'en ai 25 et j'ai cru comprendre que j'étais celle "du milieu" pour le moment. Bref Rory est mi nymphe, mi cupidon. Du coup ses pouvoirs sont un peu des deux. Mais les nymphes et les cupidons ont des pouvoirs communs donc de là à savoir de quel parent lui vient chaque pan de pouvoir... L'amélioration de la nature, comme nous, c'est maman sûre. Il a l'empathie comme moi, alors possiblement notre mère ou alors son père l'a aussi. Et il émet des phéromones. Ça, c’est totalement cupidon.

Pour l'explication du pouvoir de phéromones, si ça intéressait Boyd, je laisserais Rory lui expliquer ça bien mieux que moi. C'était lui le demi-cupidon de la famille après tout. C'était son privilège.
Ça y est, la curiosité magique passée, Boyd en était aux questions plus familiales. Et là, je n'avais pas forcément toutes les réponses, car une partie découlerait de ce que lui désirait. Je n'allais pas le forcer à nous intégrer dans sa vie s’il ne le souhaitait pas ou n'était pas prêt. Je répondis donc à ses interrogations le plus sincèrement.

- Ça, c’est comme tu le souhaiteras. Je possède une boutique de magie et de remèdes naturels, en ville. "Wiccan Heart" ça s'appelle. Rory bosse avec moi. En fait, il loge aussi avec moi. Je ne veux pas t'imposer notre famille si tu n'en veux pas, ou si tu n'y es pas prêt. Saches juste que si tu veux nous trouver, tu n'auras qu'à venir à la boutique. Et tu seras toujours le bienvenu. Mais cette question, tu es le seul à avoir la réponse.

Je sortis une carte de visite pour qu'il ait l'adresse de la boutique et mon numéro de téléphone. C'était une main tendue vers lui pour lui indiquer qu'il était plus que le bienvenu dans la fratrie. Et je n'avais même pas besoin de téléphoner à Rory pour savoir qu'il penserait pareil. Mais cette main tendue n'était pas une obligation, ce serait à Boyd de l'accepter ou de la refuser.

- Pour maman, si tu veux, je peux tenter d'organiser ça. Mais la connaissant, ça sera express. Elle est adorable, mais tu dois comprendre que chez elle, l'appel de la nature prime sur l'appel de la maternité. Elle nous aime et veille sur nous à sa façon. Mais elle a vécu des siècles en tant que nymphe. Elle appartient bien trop à la nature pour pouvoir devenir une mère tel que les humains le définisse.

Je tentais le plus honêtement possible de lui expliquer la situation. Ce n'était pas chose aisée car d'un point de vue clairement humain, elle avait le profil de la mère abandonnique. Et c'était la raison pour laquelle Rory en était encore au stade de le lui reprocher. Mais ce serait oublier qu'elle n'était pas humaine. C'était une nymphe et il était impossible de la juger selon les critères familiaux humains, car c'était logique qu'elle en serait exclue d'office. Contrairement à Rory et Boyd, j'avais été élevée par un humain mais en grandissant au coeur du monde magique, c'était plus simple pour moi d'en accepter les codes et les différences parfois éducatives. Mais comme Boyd venait de réaliser à quoi il appartenait, je me devais de répéter une dernière fois à quel point notre mère et donc notre famille n'avait jamais été, n'était pas et ne serait jamais traditionnelle. Moi, ça m'allait et ça me plaisait. Mais si Boyd devait décider si il voulait de notre famille ou non, je me devais d'être honnête et réaliste. Alors quand il demande combien de frères et soeurs on avait, j'eus un petit hoquet teinté de rire, parce que c'était la question la plus piège qu'on puisse poser.

- Tous, non. Je veux dire, pour le moment, je ne connais que Rory et toi et je doute qu'on soit les seuls à travers le monde. Uniquement ceux qui en ont besoin. Elle m'a envoyé Rory à un moment où il était perdu avec ses pouvoirs et sa nature. Et elle m'a envoyé quand elle a vu que tu étais arrêté. Je te l'ai dit, elle garde un œil sur nous à sa manière. Seulement elle a conscience de ses propres limites, je suppose. Quand à savoir combien on est... Aucune idée. Sans compter qu'elle a plusieurs siècles, alors il doit y'en avoir qui depuis sont morts de veillesse ou pleinement nymphes et ayant l'âge d'être nos arrières grands-parents. Combien, ce n'est pas une question que tu dois te poser, parce qu'on aura jamais la réponse. La réponse la plus précise que je pourrais te donner sur combien d'enfants elle a, ça serait "beaucoup". Et est-ce qu'on les rencontrera tous? Sans doute que non.

Je lui offris une moue désolée et attendit sa réaction à cette réponse qui pouvait paraître peu rassurante.

PRETTYGIRL

hors jeu:

« J'ignore de quels points tu parles, mais si c'est pour les pouvoirs, ton aura indique que tu es moitié nymphe, moitié humain. Comme moi. Et par conséquent, la partie magique, c'est forcément maman. » Boyd hocha la tête en comprenant que son père biologique était donc forcément bien humain. Une partie de lui était rassurée d'avoir des informations sur l'origine de ses pouvoirs, alors que l'autre partie était confuse. Trop de questions se bousculaient dans sa tête, en plus du choc d'apprendre beaucoup d'informations sur sa famille en si peu de temps et dans de telles circonstances. « Et pour le caractère, on ne se connait pas encore pour que je puisse te répondre... » Il hocha de nouveau la tête, conscient qu'elle ne pouvait pas vraiment juger pour ça. « Ouais, j'en saurais plus sur ça avec le temps j'imagine. » Et s'ils étaient amenés à se revoir surtout. Mais Boyd se voyait mal rester éloigné d'une sœur qu'il venait à peine de rencontrer, même s'il ne devait rien à personne car il avait grandi loin de tout ça. Boyd n'était pas du genre à tourner le dos à son passé, il voulait en savoir plus, apprendre à connaître la famille qu'il venait tout juste de découvrir.

Il apprenait également un peu plus d'informations sur son coté surnaturel et plus particulièrement sur sa capacité. « Amélioration de la nature. C’est le nom du pouvoir. Mais à la fin, ça deviendra sans doute de la phytokinésie. Un classique de nymphe. Tu l'as en commun avec notre frère et moi, alors si tu es perdu avec, n'hésites pas. Enfin plus moi que lui, parce que je le maîtrise bien mieux que lui... » Boyd était curieux de savoir ce qu'il pouvait faire de plus avec ce don. Pour le moment, il s'en sortait mieux avec son intangibilité. « Si je peux faire évoluer mon pouvoir, je ne dis pas non. Je me demande ce que je peux faire de plus que bouger des racines. » Puisque sa sœur parlait du fait que son amélioration de la nature allait devenir de la phytokinésie, cela annonçait forcément qu'il allait pouvoir faire beaucoup plus.

Boyd était curieux de savoir ce dont était capable sa sœur et elle lui annonça qu'elle pouvait lire les auras et être empathique. Il haussa les sourcils et se demanda si elle pouvait voir quelque chose sur lui en ce moment. Lorsqu'elle se compara ensuite à Poison Ivy, il afficha un sourire, mais elle avait prévu sa réaction et le fit immédiatement savoir. « Et ne t'avises pas de faire de mauvaises blagues sur mon prénom parce que, oui, c’est parce que je suis la fille d'une nymphe rousse et d'un fan de Batman que je dois ce prénom. » Boyd pinça ses lèvres, amusé, en levant ses deux mains en l'air, promettant de ne rien dire. Ivy continua donc de répondre à ses questions en donnant plus d'informations sur ses propres pouvoirs. Boyd était très curieux et attentif. Il afficha un nouveau sourire quand sa sœur lui donna quelques informations sur son aura en lui souhaitant la bienvenue dans la famille. « Merci, » dit-il avec un petit rire amusé, la laissant ensuite continuer sur sa lancée pour parler de leur frère en commun, Rory. Un mi nymphe... mi cupidon ? Boyd écarquilla les yeux, écoutant très attentivement les explications de sa soeur. « Ok, j'imagine que je vais avoir beaucoup de choses à apprendre du monde surnaturel. » Il évita cependant de poser trop de questions à Ivy, préférant se concentrer sur ce qui était le plus important pour lui : en savoir plus sur la famille.

Ivy présenta une carte de sa boutique à Boyd qui la récupéra en observant bien tout ce qui y était noté. Elle continua ensuite à parler de leur mère, expliquant qu'elle était plus proche de la nature que de ses enfants, en quelque sorte. Il leva les yeux vers sa sœur et poussa un léger soupir en réfléchissant à la réponse qu'il allait lui donner. « Je ne sais pas vraiment si je suis prêt à la rencontrer. Je pense que j'ai besoin d'un peu de temps avant de digérer tout ça. Mais je veux bien en apprendre plus sur toi et notre frère par contre. » Dit-il en regardant de nouveau la carte de la boutique. Il enchaina ensuite avec de nouvelles questions, curieux de savoir combien ils étaient de frères et sœurs. Ivy eut un rire et Boyd devina que ce qu'il avait demandé était sûrement difficile à savoir vu les quelques infos qu'elle lui avait dévoilé plus tôt. Ce qu'elle lui répondit ne l'étonna donc presque pas. Enfin, si. La partie où sa mère avait plusieurs siècles. C'était encore étonnant de réaliser qu'il était le fils d'une personne qui avait vécu à travers l'histoire du monde. « Je suis déjà content d'en avoir rencontré une alors, » répondit il en lui offrant un petit sourire. « J'espère que ça ne faisait pas trop de questions. Je vais éviter d'en poser trop... j'imagine qu'on va être amené à se revoir si tu dois veiller sur moi ? »

Well surprise, surprise

@Ivy Goren & @Boyd O'Connor

début février 2030 

J'ignorais si ce que je lui disais l'aidait ou créait plus de questionnement en lui, mais il semblait essayer d'enregistrer ce que je lui expliquais.

- Pour le moment, c'est certes un pouvoir purement défensif, puisque au début, tu seras limité à tout ce qui est racines ou petites branches. Les petits formats en somme. Mais tu peux aussi favoriser la floraison des fleurs et des plantes ou "soigner" celles mal en point. Un peu comme un pouvoir de super main verte...

Ok, pas sûr qu'avoir la main verte était son rêve, mais à mes yeux, ça rendait le pouvoir encore plus cool. Il n'y avait rien de plus satisfaisant que de voir une fleur que l'on venait d'aider à éclore.

- Mais ensuite, au fur et à mesure que tu t'amélioreras, la taille et la quantité de ce que tu pourras manipuler augmentera. D'amélioration de la nature, tu passeras au contrôle des plantes simples. Tu pourras manipuler de plus gros végétaux et tu pourras rajouter des plantes type lierre aux racines ou aux branches, par exemple. Et pour finir, tu auras la phytokinésie. Là, tu pourras contrôler et manipuler tout ce qui est végétation. Mais en attendant, tu as la possibilité d'apprendre à connaître les plantes et lesquelles peuvent soigner, servir à des potions ou être des poisons. Avec un pouvoir comme le nôtre, ça se révèle même plus qu'utile de connaître les plantes qu'on pourra manipuler plus tard. Parce que certaines sont vénéneuses ingérées, mais d'autres le sont de contact. Et ça devient un moyen de se défendre plus qu'efficace. Et certaines sont plus fun. Les hallucinogènes par exemple.

J'avais l'impression de faire un résumé de cours sur notre pouvoir commun, mais je voulais essayer de lui en dire le plus possible pour qu'il comprenne, sans trop en dire, car ça faisait beaucoup à assimiler en aussi peu de temps. Cependant, il avait demandé ce qu'il pouvait faire de plus, montrant sur certaine curiosité concernant sa nature et ses pouvoirs. Alors j'essayais de faire ça concis en essayant de rester précise. Et aussi de le rassurer en lui montrant que son pouvoir avait sa dose de fun, tout autant que de dangerosité.

- Enfin si ça t'intéresse, bien sûr.

Parce que le but n'était pas le l'étouffer d'informations ou de lui imposer quoi que ce soit. Il devait digérer qu'il était une demi nymphe, que sa mère était une nymphe, qu'il appartenait à une fratrie. Ajouter trop d'informations sur son pouvoir, sur une seule journée, je ne voulais pas qu'il en fasse un burn-out.

J'avais ensuite pris le temps de répondre à sa question sur mes propres pouvoirs. Être honnête était le meilleur moyen de créer progressivement un climat de confiance. Et puis qu'il soit curieux était un signe positif. Cela semblait indiquer qu'il ne prévoyait pas de s'enfuir après avoir entendu tout ça. ce qui aurait été compréhensible. Je vis son petit sourire quand j'évoquais l'origine de mon prénom. Visiblement j'avais vu juste, il avait d'office fait l'association avec Batman. En tout cas, on se connaissait à peine, mais beaucoup de ses réactions, même silencieuses, montrait qu'il était bien de notre famille. La même propension à la taquinerie même sans user des mots. D'ailleurs, il avait un visage naturellement expressif. Même sans que j'aie besoin de mon empathie, je pouvais voir à quel moment les informations l'intéressaient et à quel moment, il était surpris. Mais il avait raison, il y avait beaucoup de choses à apprendre. Heureusement, si le monde surnaturel regorgeait de dangers, il offrait une multitude de nouveautés qui rendaient le monde magique dans le sens propre comme dans le sens figuré.

- Tu n'as pas idée à quel point. Mais tu as le temps pour ça. Et si tu passes à la boutique, tu en croiseras déjà pas mal. Mais n'hésites pas à me poser des questions. Après tout maman m'a aussi menée jusqu'à toi pour ça également, d'une certaine manière.

C'était un peu comme elle l'avait fait avec Rory.

- Bien sûr. Fais à ton rythme. Et si tu as besoin de parler ailleurs qu'à la boutique, laisse-moi te rajouter mon adresse personnelle. Rory vivant avec moi, tu nous auras tous les deux au même endroit.

Je sortis mon stylo et m'approchait de lui pour rajouter sur la carte qu'il tenait en main, mon adresse. Enfin notre adresse à Rory et moi.

- N'aies pas peur de poser des questions. On est assez bavards dans la famille. Et comparé à Rory...tu n'auras pas assez d'une vie pour égaler Rory en terme de questions et de bavardage...jamais.

Je lui offris un sourire amusé suite à cette remarque. Il ne le connaissait pas encore, mais il allait vite découvrir que mon mi-cupidon, mi-nymphe préféré était un vrai moulin à paroles. Et c'était la bavarde que j'étais, qui le disait.

Mais pour le moment, je pouvais ressentir qu'il avait besoin d'être enfin seul pour digérer tout ce qu'il venait d'apprendre. Alors lui rendant la carte avec toutes mes coordonnées, je lui offris un dernier sourire suivi d'un geste de la main, avant de le quitter. Mais il semblait clair que nos routes risqueraient de se recroiser prochainement.

PRETTYGIRL

Sujet: Re: Well surprise, surprise # Ivy

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