You only come out at night (Lena & Giulia)

You only come out at night

Lena & Giulia

Giulia était allongée de tout son long sur son lit, les bras et les jambes écartés comme une étoile de mer. Elle gisait là en fixant le plafond depuis quelques heures, complètement immobile. Les volets étaient abaissés et les tentures étaient fermées. Pas un seul rayon de soleil n’aurait pu passer. Elle avait traîné toute la journée sur son matelas à regarder des vidéos sur son téléphone. L’appareil avait fini projeté contre un mur au bout de la troisième fois où il avait glissé des mains de Giulia pour s’écraser sur son front. La brunette était d’humeur contrariée et mécontente.

En général, quand elle était aigrie en étant chez elle, cela voulait dire qu’elle avait un petit creux. Il fallait donc qu’elle attende la tombée de la nuit pour aller se trouver un petit casse-croûte. Venant d’arriver dans la ville, Giulia ne connaissait pas encore les zones idéales pour se trouver de l’humain à se mettre sous la dent. Elle avait donc cherché sur internet pour trouver un bar non loin de son appartement et était rapidement tombée sur un établissement qui avait plus d’avis négatifs que de choix de boissons, en soi l’endroit idéal.

Giulia avait enfilé des vêtements pour sortir et avait fait un trait d’eye-liner comme une véritable maquilleuse (c’est faux, elle avait dû s’y reprendre à 3x). À la place de faire des « yeux de biche », Giulia préférait se faire des « yeux de bitch », chacun ses goûts. Fin prête à aller chercher de quoi se sustenter, même si elle devait pour cela côtoyer d’horribles créatures (les humains), Giulia se lança à la recherche du bar.

Dix petites minutes plus tard, la brunette arrivait face à la porte du bâtiment en question. Son éternel léger sourire sur les lèvres, elle poussa la porte. Giulia scanna rapidement la pièce et se rendit compte qu’à part quelques gueux qui se dandinaient sur le dancefloor, il n’y avait pas beaucoup d’âmes vivantes. Ni de mortes, d’ailleurs.

Arrivée au comptoir, Giulia lança son meilleur sourire (celui qui n’était quasi pas une grimace) au barmaid. Depuis sa transformation en sangsue, Giulia n’avait quasiment jamais dû payer ses verres. Un aspect positif du vampirisme ? Le soulagement que ressent ton compte bancaire.

« Un whisky sur glace », demanda-t-elle.

Elle avait lu quelque part que c’était ‘la’ boisson ‘cool’ du moment. Quoique ça puisse dire, elle s’était laissée tenter par l’affaire. Ce n’était pas comme si elle allait particulièrement apprécier l’expérience de toute façon. Si elle tentait de boire une gorgée, elle devrait probablement rendre au monde ce qu’elle aurait ingurgité de nourriture ou de boisson humaine par là où c’était rentré. Vomir pour un Giulia, c’était comme un chat qui vomit une boule de poils, ça fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose.

Quand le barmaid avait enfin lâché le verre qu’il tendait d’une main tremblante, Giulia s’était retournée pour s’adosser au bar avec ses deux coudes posés dessus comme si l’endroit lui appartenait. Intérieurement, elle souhaitait décéder (oui, encore une fois) à cause des odeurs que dégageaient les mortels autour d’elle. La prochaine étape était de regarder la populace plus attentivement en faisant mine de boire son whisky qui lui attaquait les narines et de faire son shopping d’humain.

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@ Lena Hardwick

« Did I set it on fire ?»

"Oh, take me back to the night we met, when the night was full of terror and your eyes were filled with tears."

You only come out at night

Encore une journée ennuyeuse à souhait, comme toutes celles que je vivais depuis que j'étais devenue un vampire. Après tout, je ne pouvais sortir que la nuit sous peine de cramer. Et oui, dans la vraie vie les vampires ne se mettaient pas à briller au soleil ! Enfin si, mais d'une toute autre manière que cette stupide façon décrite dans ce stupide livre... Alors j'avais passé ma journée soit à regarder la télé, soit à surfer sur mon téléphone, ou encore à tergiverser. C'était déprimant, et je savais que dès que je sortirais j'aurais besoin d'un remontant. J'avais beau ne pas être fan de ma nouvelle nature, et surtout ne pas savoir où je me situais niveau alignement, je devais bien avouer que le sang était un bon moyen de calmer ses nerfs.

J'attendis encore un moment, histoire d'être sûre que le soleil serait bien couché lorsque je sortirais. J'en profitais pour me préparer correctement. Ensuite, je pris une veste et je claquais la porte de chez moi. Même si je ne trouvais pas de quoi me nourrir, rien que sortir me ferait du bien. Et j'avais eu raison d'attendre puisque la nuit était bien tombée depuis plusieurs minutes. Je ne savais pas encore qui allait me servir ce soir de repas mais je savais où je l'emmènerai: le cimetière était l'endroit parfait. Je déambulai dans les rues, observant les passants pour sélectionner la bonne cible. De préférence, quelqu'un qui ne manquerait à personne. C'est pourquoi je partis chercher du côté de divers bars desquels pourraient sortir une multitude d'alcooliques. Mais ma cible se révéla avant que je n'en atteigne un. Mon regard remarqua ce mec qui harcelait une jeune fille. Le lourdingue qui n'acceptait pas le "non". Et puis, tuer ce genre d'énergumène ne me faisait pas culpabiliser, c'était parfait.

- Moi, je veux bien aller quelque part avec toi.

Dis-je, l'interrompant dans son attaque de la pauvre innocente. Il se retourna vers moi et je fis signe à la fille, lui faisant comprendre qu'elle pouvait partir. Elle ne se fit pas prier, tandis que le mec me pris un peu trop au mot, lorsqu'il chercha le contact. Je lui attrapai alors le poignet.

- Pas ici, suis moi !

Je souris, avant de me mettre à marcher. Bien évidemment, il me suivit. Convaincre ce genre de mecs n'était pas trop difficile. Je le conduisis droit dans mon piège, et il ne sentit rien venir. Mais lorsque l'on s'approcha du cimetière, il se montra réticent.

- Pourquoi tu veux venir là ?

Je m'arrêtais alors, toujours un sourire aux lèvres.

- Bah alors Roméo, on a peur des cimetières ?

Je le plaquais contre un mur. Le mur du cimetière. Je m'étais bien évidemment assurée qu'on soit solo.

- Tu as bien raison ! Tu sais cette fille que tu harcelais ? Je suis sûre qu'où qu'elle soit, elle t'envoie son bon salut !

Et sans plus attendre, je le mordis dans le cou. Malgré le fait que l'on soit supposément seuls, je posais ma main sur sa bouche pour l'empêcher de crier. Lorsque je me nourrissais, j'étais concentrée sur ce sang qui passait dans ma gorge. Une fois mon repas terminé, je traînais le corps pour le cacher. Une fois cela fait, je vis deux autres personnes. Il en manquait peu pour que je sois repérée ! Cela dit, un détail me vint rapidement à l'œil: l'une des deux personnes semblait s'intéresser à la gorge de l'autre. Il ne m'en fallut pas plus pour comprendre qu'il s'agissait d'un autre vampire. Je n'avais pas été la seule à avoir eu l'idée du cimetière ce soir ! Je m'approchai doucement, avant de m'appuyer sur un arbre non loin de la scène.

- Bon appétit !

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You only come out at night

Lena & Giulia

Giulia avait dû squatter le bar un long total de cinq minutes quand le premier potentiel hamburger version vampire s’était pointé juste devant son nez. Le type avait l’air non loin du coma éthylique et même si Giulia appréciait parfois sentir les effets de l’alcool après s’être nourrie, elle n’avait pas envie de ça aujourd’hui. Le type sentait les animaux de la ferme et elle imaginait déjà le goût qu’aurait son sang. Si elle avait envie de ça elle aurait asséché Bambi dans les bois et ne serait pas là à faire son marché de repas ambulant.

Giulia était tentée de faire un « parle à ma main » mais ne voulait pas attirer l’attention sur elle avec un geste tout droit sorti des années 2000, elle esquiva donc de manière plus efficace les techniques de dragues douteuses du type en l’envoyant près du barmaid pour une recharge de son breuvage puant. Son regard se posa ensuite sur un jeune gars bâti comme un frigo américain qui avait l’air de s’emmerder sec, à moitié avachi sur une chaise un peu brinquebalante. Il n’avait pas l’air bien méchant et n’avait strictement rien fait de mal, mais les innocents avaient un goût plus sucré et Giulia avait toujours eu une passion pour les desserts…

Le convaincre avait été plus facile que d’aller chercher son pain à la boulangerie le matin, ce qui était mission impossible pour Giulia. Il avait juste fallu quelques mots, un petit rire style pimbêche écervelée et quelques battements de cils exagérés pour que le gueux se sente gagnant du Lotto. Enfin, peut-être qu’il y avait le Lotto dans l’au-delà et que Giulia lui fait juste une fleur en l’y envoyant plus vite que ce que mère nature n’avait décidé pour lui.

Elle l’avait attiré vers le cimetière qu’elle avait repéré non loin du bar et le gars lui avait attrapé la main comme s’ils étaient partis en expédition romantique le long de la Seine. L’ambiance était un peu mystérieuse et Giulia regrettait presque de ne pas avoir installé des diffuseurs de fumée pour rendre la scène digne d’un bon épisode de Vampire Diaries. Si elle était toujours humaine, elle aurait dû se lancer dans le théâtre, ça semblait lui convenir à merveille. Ils marchaient depuis quelques minutes entre les tombes quand elle avait décidé avoir attendu assez et qu’il était temps de faire monter la pression sanguine du malheureux tel une cocotte-minute.

Elle détacha sa main de la main moite du garçon et passa derrière lui pour ne pas qu’il la voit se transformer en chauve-souris. En un pop semi-silencieux, elle devint la petite bête ailée et alla se poser sur une pierre tombale. Le gars se retournait dans tous les sens en appelant son nom d’une voix chevrotante. Ses yeux se posèrent sur Giulia mais le fait de voir une chauve-souris souriante n’avait pas l’air de plus l’effrayer que ça. Il était juste confus.

Giulia se retransforma pendant quelques secondes juste pour aller taper sur l’épaule du gars qui se retourna en criant, juste pour ne rien voir. Il se mit à respirer plus rapidement et à marcher vers la sortie. Une silhouette était appuyée sur un arbre non loin d’eux. Quand la dame lui souhaita un bon appétit, Giulia leva la main pour demander un instant.

« Si tu me permets, il est juste à point. »

Sans perdre de temps, elle fondit sur le type qui s’était mis à courir tel Forrest Gump de Wish et attacha ses canines allongées dans sa jugulaire. Giulia avala à grosses gorgées le nectar sucré qui coulait dans les veines de sa victime. Elle avait raison, il était particulièrement délicieux. Elle le comparerait presque à un tiramisu fait maison, et c’était sa spécialité.

Une fois le corps vidé de son sang, elle chercha des yeux un endroit où le camoufler. C’était son jour de chance, un trou semblait être creusé à l’occasion d’un enterrement prochain. Elle le poussa en le faisant rouler comme un saucisson sur une table et le tapota gentiment en remerciement avant de le faire tomber dans le trou. Giulia se retourna enfin vers l’autre vampire et étant un être pratique elle demanda :

« T’as besoin de jeter quelqu’un, dans ce trou ? C’est l’occasion d’une vie de faire un caveau familial, un plus un gratuit. »

Elle espérait que son sourire amusé ferait remarquer à la dame qu’elle plaisantait.

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« Did I set it on fire ?»

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You only come out at night

Voir cette fille s'amuser avec sa proie me laissait relativement de marbre. Cela me dérangeait même un peu à vrai dire, moi je ne faisais pas de fioritures, je passais directement à l'essentiel. Il n'y avait pas en moi cette fibre sadique que semblait posséder ma comparse. Je l'avais laissée faire, mais je n'en aurais pas fait autant. Et je n'en avais d'ailleurs pas fait autant lorsque je m'étais nourrie du harceleur qui se planquait désormais pas loin. Je l'observai boire finalement le sang de sa proie, cela attisait ma soif, mais j'étais déjà nourrie, je n'en ferais guère plus que nécessaire. Et une fois qu'elle eut fini, elle dégota un trou qui attendait probablement un cercueil. Peut-être un manque de réflexion: Et si ceux qui devaient enterrer quelqu'un ici découvraient le corps ? Quoi qu'il en soit, j'étais mal placée pour critiquer ce qu'elle faisait.

- En fait je ne comprends pas vraiment ce besoin de remuer le couteau dans la plaie...

J'aimais le goût du sang, je ne pouvais pas nier ce fait, mais je préférais toujours faire vite. Alors certes, peut-être que j'en profitais moins ainsi... Je me décollai de l'arbre sur lequel j'avais pris appui, pour faire face à la jeune femme qui venait de se faire sacrément plaisir visiblement. Je haussai les épaules lorsqu'elle proposa, par amusement, d'enterrer un autre cadavre.

- Pas sûre que ce soit le moyen le plus discret. Tu as conscience que ce trou sera probablement réouvert même si on le ferme?

J'imaginais déjà la tête de celui qui, en voulant réouvrir la tombe, découvrirait un ou deux cadavres en creusant. Sans doute cette pensée amuserait la jeune femme, mais moi je jurais par la discrétion et la crainte d'être repérée. Je devais passer pour une coincée, mais ma transformation fut forcée, je ne l'avais pas choisie, même si je ne savais pas pour ma comparse, moi j'essayais de vivre ma vie tranquillement, enfin aussi tranquillement qu'un vampire puisse le faire. Cela dit, je n'excluais rien à l'avenir, tant mon esprit était, je le savais, influençable et modelable. Peut-être cette fille aurait elle une influence néfaste sur moi.

Je plongeais mes mains dans les poches de ma veste. Je voyais bien que cette fille voulait s'amuser plus qu'autre chose, et moi aussi j'aimerais bien m'amuser, mais de façon plus classique, qui ne nécessitait pas forcément une boucherie. Sauf si l'on ciblait des vauriens, comme l'individu que j'avais tué un peu plus tôt, là je ne serais pas contre.

- Je dois te paraître tellement ennuyeuse !

Je lâchai un petit sourire pour détendre un peu l'atmosphère, mon but n'étant pas de plomber l'ambiance, si tant est qu'il puisse y avoir de l'ambiance dans un cimetière.

- Mais il faut dire que ce n'est pas vraiment un endroit très amusant.

Suggestion pour aller ailleurs ? Peut-être. Pour s'éloigner des cadavres que nous laissions derrière nous ? Sûrement.

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Lena & Giulia

Giulia croyait déceler une once de culpabilité dans la voix et dans les mots de l’autre vampire. Était-elle moralement rigide quant à leur nature ? Ça n’avait pas pris beaucoup de temps pour que Giulia prenne le recul nécessaire pour ne pas culpabiliser à chaque cadavre qu’elle laissait derrière. Nous sommes tous la proie de quelqu’un, après tout. Les mortels ont bien fait un hobby de la chasse aux animaux, pourquoi ne devraient-ils pas être chassés de la même manière ? Les effrayer avant de les achever était comme une pincée de sel pour assaisonner à la perfection le plus fin des mets. Il était vrai que Giulia avait un léger penchant pour l’aspect dramatique de la scène, mais bon…

« Je parlais du mortel que tu avais asséché. Sauf si tu étais ici juste pour une promenade nocturne, bien-sûr. »

Dans l’idéal, Giulia aurait refermé le trou avec le corps de son repas et creusé un trou similaire quelques mètres plus loin. Mais ce soir la brunette n’avait pas envie et avait ce qu’on appelle plus communément la flemme. En plus de son manque de motivation, elle venait de mettre du vernis à la perfection sur ses ongles et ne voulait pas se salir les mains. Non non, ce n’est pas une excuse.

Giulia ne savait pas bien cerner la jeune femme devant elle. Elle avait tiré la conclusion que c’était probablement un bébé vampire au vu de sa réaction face au passage à table de Giulia. Était-elle handicapée des sentiments comme Giulia ? Ou socialement inapte ? Ne serait-ce pas merveilleux de trouver quelqu’un avec qui faire les 400 coups ? Enfin pour ça, il fallait déjà qu’elle ne prenne pas ses jambes à son cou de peur face à Giulia.

Elle ne paraissait pas spécialement ennuyeuse, Giulia la voyait plus comme un défi à relever, de la faire tomber du côté fun de la force. La brunette essayait de trouver une activité normale à faire de nuit. Boire un verre ? Nope, peu envie de rendre après. Aller en boîte de nuit ? La musique ferait saigner leur tympans et l’odeur des mortels les achèverait sûrement. Il restait l’idée d’aller se promener quelque part, Giulia ne connaissait encore rien de la ville après tout. Ce serait l’occasion de faire une visite guidée. Mais tout ça, c’était des idées d’activité pour des personnes normales. Giulia ne savait pas si elle pouvait toujours être considérée comme une ‘personne’ et encore moins ‘normale’. Ça ne laissait qu’une possibilité…

« J’ai cru voir une bibliothèque sur le chemin. Ça te dirait, un petit raid ? Peu envie de m’emmerder comme un rat mort dans le caniveau toute la journée demain. »

Giulia avait déjà regardé 6x l’unique dvd laissé par l’ancien proprio. Évidemment, il n’était pas fan de films d’action sanglants comme la brunette aimait bien. Non, ce monsieur aimait visiblement les films Barbie. Giulia se serait arraché tous ses cheveux du crâne un par un si elle devait encore regarder Barbie raiponce pour passer le temps. Elle préfèrerait encore ouvrir les tentures en pleine journée et finir en écrevisse mal rincée sur le parquet de son appartement que de revoir une fois ce film. Son seul espoir était donc de trouver une occupation le temps que son ennemi de tous les temps (le soleil) ne se couche une bonne fois pour toute.

« Comment est-ce que tu t’appelles, au fait ? »

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Sujet: Re: You only come out at night (Lena & Giulia)

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